Regards croisés

#Coronavirus #Covid19 – 2019/2020

#Rétrovirus #VIH #SIDA – 1980 / 1981

Le staff d’HELP INDIA en séminaire à Vijayawada en 2012… Plus de 1000 personnes suivies et touchées par le VIH et des vies sauvées… La vie plus forte que tout !

Une succession d’événements a fait qu’en 2004, je me trouvais en Inde au moment du tsunami, en première ligne, face au drame de la pandémie du rétrovirus  VIH/Sida.

J’ai quitté l’Inde début 2018, après treize années de combat contre ce tout petit virus qui a fait et fait encore des ravages. Quelques chiffres : de 1981 à 2018, 35 millions de personnes sont mortes du VIH. En 2018, 770 000. En 2020, c’est un mort toutes les 30 secondes. Près de 40 millions de personnes vivent avec le rétrovirus. Par expérience je sais que ces chiffres officiels sont minimisés. A ce jour, il n’y a toujours ni vaccin, ni traitement qui tuerait le virus, les trithérapies (ou anti rétroviraux) rendent la charge virale indétectable, provoquant des dégâts par leurs effets secondaires. Ils mettent le virus en sommeil dans l’organisme sans l’éradiquer.

Asha a mis au monde le bébé, mais elle est décédée des conséquences du VIH… La vie a continué, son enfant est vivant…

En 2019/2020, rentré en France, je vis de plein fouet  l’épidémie provoquée par le #coronavirus appelé #Covid 19.

Confiné comme tant d’autres, je m’interroge, essayant de ne pas céder à la forme de populisme paranoïaque qui fleurit sur les réseaux sociaux. J’essaie de rapprocher mon combat de 15 ans en Inde, contre le rétrovirus #VIH, avec cette épidémie du #coronavirus.

Une question me revient en boucle : pourquoi un remède définitif et/ou un vaccin n’ont-ils pas été trouvés contre le #VIH alors qu’en 2020, c’est près d’un million de personnes qui meurent chaque année depuis 40 ans ?

La réponse est simple : le virus VIH a été enrayé dans les pays riches, il ne sévit qu’en milieu pauvre. Pour ces raisons, aucun laboratoire n’a eu la volonté de sauver ces plus de 40 millions de personnes. Aucun gain, aucun retour sur investissements assurés ne sont à attendre, ce drame touche les pays pauvres ou surpeuplés, sans moyens de  produire les médicaments, encore moins de financer les recherches : les pays dits «riches», pas ou peu concernés, laissent mourir. Nous laissons mourir chaque année, en silence, près d’un million de personnes du VIH.

Il en est tout autrement du coronavirus qui sévit partout et qui peut fortement endommager nos pays dits «démocratiques» où nous vivons en enfants surgâtés face à plus de 80 % des habitants de la planète réduits au minimum vital… et encore.

… et Sagai junior, fils de Sagai senior et de Shanti, tous deux emportés par le VIH : nous avons pu faire naître Sagai junior séronégatif. Ces deux bébés ont aujourd’hui une dizaine d’années… La vie plus forte que tout !

Depuis mon retour, j’entends dire partout  qu’«il faut arrêter la globalisation, la mondialisation et le consumérisme». Dans les faits, nous ne savons vivre que «ça» et rien d’autre.

Avec le peu de données dont je dispose, il me semble qu’à l’échelle planétaire, cette épidémie du coronavirus n’atteindra jamais en chiffres le drame du VIH Sida. Pourtant nous trouverons un remède, car les riches que nous sommes sont en première ligne et les plus touchés… Les laboratoires vont faire preuve d’une créativité inimaginable car il y a de l’argent à gagner. «Tant mieux !», me direz-vous. Certainement. Mais alors pourquoi laissons-nous ce  million de personnes mourir chaque année sans rien faire?

Ainsi se poursuit le décalage planétaire, avec d’un côté nous, les riches, «civilisés», et de l’autre côté tous les autres, soit 80 % de la planète, qui servent nos goûts et nos désirs.

En continuant ainsi, notre monde restera dans une impasse, un risque majeur pour l’avenir des nouvelles générations.

La solution ?… me direz-vous.

Si l’homme ne comprend pas qu’il doit gérer notre «habitat terre» comme un village dans lequel nous sommes tous frères et sœurs et que les partages doivent se faire à l’échelle planétaire et non plus au niveau des pays, alors, sans être devin, nous nous confronterons non pas à un changement de civilisation, mais à une catastrophe humaine terrible, au risque majeur de la disparition de l’humanité. Cette crise du coronavirus devrait nous amener à réagir devant la  catastrophe qui arrivera si nous ne changeons pas radicalement notre manière de vivre.

Que nous montre cette crise majeure ? Chaque pays se sert des chiffres en fonction de sa politique. La Chine maîtrise cette épidémie et va continuer sa domination économique du monde. L’Europe est inexistante, les organismes internationaux brillent par leur absence : l’échéance d’un affrontement ouvert entre la Chine et les USA devient de plus en plus plausible. Les Chinois ne lâcheront rien. Depuis Mao, ils ne poursuivent qu’un seul but, devenir la première force de la planète… et ils sont sur le point d’y parvenir. Seuls les USA peuvent les en empêcher, sans recourir, espérons-le, à l’arme atomique. Quant aux pays européens qui n’ont jamais su s’entendre, plus souvent à cause des peuples que des dirigeants, ils refusent les alliances au profit du nationalisme. Nous devons vivre l’internationalisation du partage, c’est la seule solution pour sauver notre planète et l’humanité.

Quelques chiffres :

Grippe Nombre de morts par an : environ 500 000, soit 1 toutes les 60 secondes.

Sida/HIV Nombre de morts par an : 1 000 000, soit 1 toutes les 30 secondes.

– Tuberculose Nombre de morts par an : 1 600 000 soit 1 toutes les 20 secondes.

Coronavirus/Covid 19 Depuis février et jusqu’au 25 avril 2020, 200 000 morts au total (cela ferait 800 000 sur l’année complète), soit 1,5 toutes les 60 secondes.

Krishna, près de vingt ans aujourd’hui, séropositif, orphelin : nous l’avons suivi plus de dix ans et, encore aujourd’hui, grâce à sa grand-mère «courage», il travaille dans un magasin de vêtements… La vie plus forte que tout !

On peut voir que la mortalité de ce virus, sans aucun médicament, se situe entre la mortalité du VIH et de la tuberculose, un peu plus haut que la grippe saisonnière. Ce virus est donc beaucoup moins meurtrier que les autres maladies qui, elles, ont des remèdes et vaccins. On peut facilement imaginer que lorsqu’un traitement sera trouvé, la mortalité cessera ou sera réduite de façon drastique.

N’y avait-il pas d’autres solutions que le confinement total de la planète, au risque de préparer une crise économique ? Oui… si nous avions préparé cette pandémie que les spécialistes prévoient depuis longtemps (milieu des années 2000/2010). Emportés par notre folie de consommation facile, nous avons fait comme la cigale de la fable, oubliant d’engranger pour faire face en cas de problèmes.

Combien de temps allons-nous encore vivre avant qu’une autre grave catastrophe ne vienne endeuiller l’humanité ? Des maladies comme la tuberculose et le VIH/Sida devraient être enrayées depuis longtemps (nous en avons les moyens et les médicaments). Mais nous, peuples des pays riches, nous avons refusé notre aide aux pauvres comme nous la refusons aux migrants qui traversent les déserts et La Mer Méditerranée. Nous laissons mourir et nous regardons, nous étonnant que les éléments se retournent contre nous. Nous préparons nos drames et ceux de notre descendance par égoïsme et individualisme.

Un autre chiffre crie fortement notre inhumanité :

Malnutrition : 3,5 millions d’enfants de moins de 5 ans meurent chaque année soit 1 enfant toutes les 7 secondes. Au total, presque 10 millions de personnes disparaissent de la terre tous les ans, soit une personne toutes les 3 secondes.

Si nous continuons de «tuer» nos sœurs et frères, sans remords, en nantis, nous entraînerons les nouvelles générations vers un pire dramatique.

Pour ma part, je pense que le monde va, dans les temps à venir, se bipolariser entre la Chine et les USA. La Chine  vise, sans s’en cacher, à dominer la planète terre aux horizons des années 2040. Elle va continuer sa «longue marche en avant». Cette bipolarisation planétaire va obliger les USA à des réactions possiblement gravissimes, favorisées par la Chine. L’Europe aurait pu jouer un rôle de modérateur entre ces deux superpuissances, mais il est trop tard. Peuples comme dirigeants, nous avons joué avec la vie en restant de grands enfants gâtés, l’Europe a perdu la possibilité d’être un équilibre des pouvoirs. Nous courons une fois de plus le risque d’être le terrain d’affrontement des superpuissances et le national populisme augmente gravement. Les pays de notre terre adoptent une politique de repli sur soi, la France comprise. Je ne vois rien qui puisse arrêter ce processus de régression grave. Sans volonté de s’unir pour un partage planétaire, ce sera le «chacun pour soi» menant notre village-terre à la dérive. Sinon, quelle autre solution pour que le futur de nos enfants échappe à la catastrophe ? Et je n’inclus pas dans cette analyse le pouvoir de sciences nouvelles qui restent silencieuses mais établissent un pouvoir au-delà de toutes les structures. Ce pouvoir est et va devenir de plus en plus fort. Il me suffit de voir la place de Facebook dans nos vies !

Deepika, mon plus grand regret, décédée dans des conditions atroces… Je n’ai pas su et je n’ai pas vu venir le drame… Elle est constamment présente dans mes pensées. La vie s’est arrêtée, elle avait 12 ans….

Quel Monde, quelle économie pour demain ?

Mon expérience en politique, dans l’économie de marché, m’a amené, fin des années 1990, à quitter le «système». Je ne supportais plus la notion de rentabilité. Je suis parti en Inde au début des années 2000. Suite à divers événements dont le tsunami fin 2004, nous avons créé et mis en place, avec mon épouse, Sambu et une poignée d’Indiens, deux hôpitaux dispensaires pour lutter, durant 14 ans, contre les ravages du VIH/SIDA, ceci avec un staff de près de 30 personnes et un atelier de kalamkari en autonomie financière. Nous avons suivi plusieurs centaines de personnes et leurs familles, touchées par le VIH.

Je sais par expérience qu’il est possible de créer et d’animer une entreprise dont le but final n’est pas le profit pour le profit. Dégager un profit pour le réintroduire immédiatement et à nouveau le partager est possible. Il faut simplement «travailler» pour le bien-être commun, ne pas amasser pour quelques-uns, il faut aussi que le personnel soit correctement rémunéré. Cela implique une vision communautaire et collective, et non plus individualiste. Utopie ? Nous l’avons vécu durant près de quinze ans et ce qui est valable à cette échelle peut l’être à plus grande.

Je crois en l’utopie qui oblige à vouloir se dépasser au profit de tous. Seule une telle démarche, à mon sens, peut sortir notre monde humain des conflits morbides.

André Mâge

One thought on “Regards croisés

  1. Salut Andre,
    Merci pour tes efforts a nous faire comprendre les enjeux. Ton texte cree un ombre gigantesque a cause des statistiques, mais aussi a cause de ce qui se passe entre les 2 superpuissance. Par contre ton dernier paragraph est le plus important. L’idee de communaute, d’entreprise sociale: quelque chose que j’ai promu et soutenu depuis plus de 30 ans dans ma carriere professionelle. Malheuresment ce sont toujours des unites, meme si organiser, qui se trouve sur le bord, et non dans le mainstream des activites economiques et sociales. Domage, mais meme la Commission ne veut pas aller plus loin.Comment donc trouver le chemin, pour ouvrir davantage les portes a ce type d’initiative? Que faut-il que les decideurs comprennent?
    Je t’embrasse tres fort
    Pierre

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